L'histoire aurait voulu que Yannick reprenne la succession de son père. Mais l'après-guerre connaîtra les excès de l'agriculture avec l'avènement des engrais et des produits de synthèse dans les années 70 avec ses conflits générationnels et de philosophie du vin.
Il en sera donc autrement puisque Yannick Amirault fonde le domaine en 1977 avec 3,40 Ha en reprenant les vignes de son grand-père dont le terroir mythique des Malgagnes. Eugène élevait et mettait en bouteilles déjà ce cru en 1947.
Yannick reprend dans les années 90 les vignes de deux vignerons partant en retraite dont l'un des terroirs les plus emblématiques de Bourgueil : Le Grand Clos. C'est lorsque son grand-père s'exclama, en voyant Yannick semer de l'engrais en 1975 (à l'époque aide familial) : « oh... mettez-en donc pas de trop, mettez-en donc pas de trop », qu'il prit la mesure de ce que serait sa ligne de conduite : abandon de tout désherbant, premiers éclaircissages et premiers enherbements sur l'appellation, retour à des élevages traditionnels en tonneaux à la place de l'insipide inox.
Jugé d'anti-conformiste il y a 20 ans, aujourd'hui de « sage », Yannick reste progressiste et cartésien : « Nous n'avons qu'une expérience par an et nous apprenons toujours de notre métier, chaque millésime est différent. Nous avons la chance de faire le vin que nous aimons et d'en vivre sans s'occuper des phénomènes de mode ».
Aujourd'hui, les règles n'ont pas changé : rigueur, authenticité et perfectionnisme sont les maîtres mots de la famille Amirault (quoi de plus normal pour une famille aux aïlleux protestants !).
Benoît Amirault, l'un des deux fils de Yannick revient sur le domaine en 2003. Après 6 ans d'études dans la vigne et le vin, il quitte son poste d'employé viticole sur un domaine réputé du Val de Loire pour le rejoindre avec le coeur et la dévotion de donner vie au fruit de la canicule 2003.
Parce que le sol comme la plante a une mémoire, ils ne prennent que tardivement la décision en 2009 d'être agréés officiellement en agriculture biologique. De même, déjà 20 ans que le calendrier lunaire les accompagne pour chaque intervention sur le vin, et suivant la météo, sur la vigne.